En 2015, peu maquillée, légèrement hautaine, cérébrale, privilégiant une forme d'austérité, un luxe intériorisé, la postbourgeoise est aussi du genre à fuir la vulgarité, les logos et les détails trop connotés. "Elle n'a pas besoin d'être identifiée comme telle, explique Camille Bidault Waddington, styliste et consultante de mode, car elle sait d'où elle vient. Si elle porte du Céline, du Nina Ricci, du Véronique Leroy ou du Miu Miu, c'est avec charme et légèreté, surtout pas pour qu'on reconnaisse les étiquettes griffé sera davantage dans le chic intemporel et l'esthétique. Et privilégiera les jolies matières, les finitions soignées et les coupes parfaites plutôt que les effets de manches qui pourraient vampiriser son style. PHOTOS Melania Trump nue sous son manteau ? Ces clichés qui font jaser - Voici. " Les créateurs l'ont bien compris: la bourgeoise n'est attirante que si elle évite l'évidence, l'élégance à outrance, la panoplie Auteuil-Neuilly-Passy. "Elle m'inspire, mais surtout pas comme un parti pris", explique Vanessa Seward. La créatrice la fait défiler pour sa première collection automne hiver 2015-2016 en chemisier cravaté, veste en tweed, robe en soie et col roulé, le tout twisté avec des cuissardes, des jeans moulants et une chevelure gaufrée.
Ainsi, la fourrure est avant tout un objet qui dit cette violence. Il s'agit d'une violence sociale et physique tout d'abord, qui s'incarne dans le découpage du réel opéré par la fourrure. Une violence de genre également, car l'histoire de la fourrure raconte un monde dominé par les hommes. C'est enfin une violente discorde qui rassemble sexisme et écologie que suscite la fourrure. Dominer et distinguer Le manteau de fourrure et plus largement la fourrure jouent tout d'abord un rôle de distinction et de découpage du réel. Nue sous son manteau homme. Se distinguer de l'animal La fourrure constitue originellement le premier habit de l'homme, dont la vocation est utilitaire et vitale. Jusqu'à l'invention du tissu à partir de laine de mouton aux alentours de -35 000 ans [1], la fourrure reste la seule protection de l'être humain contre le froid et la pluie. Le vêtement est alors indifférencié entre les hommes et les femmes, tous portent la fourrure par nécessité. En effet, l'être humain évolue, et se retrouve de plus en plus dépourvu de protection « naturelle ».
Introduction La fourrure est une constante des sociétés humaines qui en ont eu la nécessité pour se vêtir dans des conditions climatiques froides voire glaciales. Cependant les évolutions du climat d'une part et surtout l'invention du chauffage et des matériaux synthétiques d'autre part, font qu'il n'est aujourd'hui plus vital de porter de la fourrure. Pourquoi continue-t-on alors à en porter? Serait-ce par pur désir d'orner ses habits ou faut-il chercher plus loin la raison de la persistance de cet usage? Il semblerait que ce qui se joue dans la fourrure renvoie en effet à des dispositions ontologiques et anthropologiques plus profondes encore. En Occident, la fourrure incarne le besoin de l'humain d'établir une frontière entre la nature et la société. Dans ce double mouvement d'éloignement mais aussi de rapprochement de la nature, les animaux et les femmes jouissent d'un statut particulier d'éléments de médiation entre le masculin et le naturel. Nue sous son manteau terrestre. Et la fourrure semble cristalliser ce mode de relations entre l'Occident, la nature et les femmes, des relations marquées par la violence et la domination masculine.
Elle incarne le luxe, la bienséance, mais surtout la sensualité et la féminité. "Elle a ce bon goût contrôlé qui ne demande qu'à craquer aux coutures", raconte Guillaume Henry, directeur artistique de Nina Ricci, qui voue une affection particulière à Stéphane Audran. Elle alimente le fantasme des contradictions "Pour moi, la bourgeoise est une source intarissable d'inspiration car elle alimente le fantasme des contradictions. Elle influence mes collections mais jamais littéralement. Je l'imagine plutôt comme une femme qui peut s'autoriser quelques digressions que son éducation lui pardonnera. La BCBG sans nuances, sans dimension, ce n'est pas pour moi. " On l'aura compris: la bourgeoise premier degré n'intéresse pas la mode. Miuccia Prada, notamment, l'a remise au goût du jour dès les années 1990 et bousculée sur un mode radical, tordu, détourné. Disséquant le mythe de la haute bourgeoisie italienne, elle donne chaque saison sa vision faussement classique de la grande dame chic. Une professeure de Cambridge nue sur un plateau télé pour dénoncer le Brexit. Et sur l'automne-hiver, elle habille encore la femme Prada et la fille Miu Miu d'une innocence un peu perverse, leur impulsant une élégance étrange et bousculée.
Maison À Vendre Hoymille, 2024