Une vieille le ramassa: « Ô notre ennemi, lui dit-elle, c'est Dieu qui t'a fait prendre! » E lle le porta aux gens du douar. « Nous sommes occupés, lui dirent-ils; il n'y a que toi pour le garder! » Elle lui passa un collier et l'attacha au poteau de la tente, puis alla s'asseoir devant lui. Le hérisson fit semblant de pleurer. « Qu'as-tu, Mhand, lui dit-elle, quelle peine t'ai-je faite? — Ce qui m'attriste, c'est que tu restes là à surveiller un paquet d'épines pendant que les hommes et les femmes du douar sont à la noce, en train de manger et de boire! » L à-dessus, la vieille se leva et s'en fut, elle aussi, prendre sa part du festin, laissant le lévrier pour surveiller le hérisson jusqu'à son retour. Le lévrier, accroupi devant le hérisson, l'écoutait parler: « Dieu t'a frappé, toi aussi, de sa malédiction, misérable. Tes frères se rassasient d'os et de couscous pendant que tu es là à me garder! Me prends-tu pour une saucisse de l'Aïd-el-Kebir? Vois donc ce que tu surveilles: des épines!
Du coquin que l'on choie, il faut craindre les tours Et ne point espérer de caresse en retour. Pour l'avoir ignoré, maints nigauds en pâtirent. C'est ce dont je désire, lecteur, t'entretenir. Après dix ans et plus d'homériques batailles, De méchants pugilats, d'incessantes chamailles, Un chien était bien aise d'avoir signé la paix Avec son voisin, chacal fort éclopé Qui n'avait plus qu'un œil, chassieux de surcroît, Et dont l'odeur, partout, de loin le précédait. Voulant sceller l'événement Et le célébrer dignement, Le chien se donna grande peine Pour se montrer doux et amène. Il pria le galeux chez lui, Le fit entrer, referma l'huis, L'assit dans un moelleux velours Et lui tint ce pieux discours: « Or donc, Seigneur Chacal, vous êtes ici chez vous! Profitez, dégustez, sachez combien je voue D'amour à la concorde nouvelle entre nous! Hélas, que j'ai de torts envers vous et les vôtres, Et comme je voudrais que le passé fût autre! Reprenez de ce rôt, goûtez à tous les mets, Ne laissez un iota de ce que vous aimez!
Du coquin que l'on choie, il faut craindre les tours > Et ne point espérer de caresse en retour. > Pour l'avoir ignoré, maints nigauds en pâtirent. > C'est ce dont je désire, lecteur, t'entretenir. Après dix ans et plus d'homériques batailles, > De méchants pugilats, d'incessantes chamailles, > Un chien estoit bien aise d'avoir signé la paix > Avecque son voisin, chacal fort éclopé > A l'allure fuyante, que l'on montroit du doigt, > Qui n'avoit plus qu'un oeil, chassieux de surcroît, > Et dont l'odeur, partout, de loin le précédoit. Voulant sceller l'événement > Et le célébrer dignement, > Le chien se donna grande peine > Pour se montrer doux et amène. > Il pria le galeux chez lui, > Le fit entrer, referma l'huis, > L'assit dans un moelleux velours > Et lui tint ce pieux discours: > « Or donc, Seigneur Chacal, vous êtes ici chez vous! > Profitez, dégustez, sachez combien je voue > D'amour à la concorde nouvelle entre nous! > Hélas, que j'ai de torts envers vous et les vôtres, > Et comme je voudrois que le passé fût autre!
Elle promit que oui, et alla à sa maison avec un visage riant. Dans la nuit, pendant que son mari dormait, elle prit tout l'argent, et au point du jour elle courut vers l'endroit désigné par le fripon. Celui-ci la fit aller devant et se mit promptement en route vers le sud. Pendant qu'ils marchaient ainsi, ils rencontrèrent, à une distance de deux yodjanas, une rivière devant eux. Quand le fripon la vit, il pensa: Que ferai-je de cette femme, qui a atteint la limite de la jeunesse? Et peut-être quelqu'un viendra-t-il à sa poursuite; alors il y aurait pour moi grand préjudice. Je prendrai donc seulement son argent, et je m'en irai. Après avoir pris cette résolution, il lui dit: Ma chère, cette grande rivière est très-difficile à traverser. En conséquence, je vais porter le bagage sur l'autre rive, et je reviens. Ensuite je te ferai monter seule sur mon dos et je te passerai aisément. Elle répondit: Fortuné, fais ainsi. Lorsqu'elle eut dit ces mots, elle lui remit tout l'argent. Puis il dit: Ma chère, donne-moi aussi ton vêtement de dessous et ton manteau, afin que tu ailles sans crainte dans l'eau.
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