Ce roman traite des apparences, auxquelles on prête une attention extrême: le corps doit être soigné à l'image d'une campagne de communication orchestrée. Peu importe le contenu du message, le packaging doit correspondre aux attentes esthétiques. Ainsi ce roman parle aussi d'isolement, car les personnages mis en scène ne répondent pas exactement aux normes convenues. Déodat est moqué pour son physique bien sûr, mais intimide par son esprit. Quant à Trémière, la fascination pour sa grâce naturelle cède rapidement du terrain aux brimades. Par un raccourci commode on la pense bête, simplette, potiche. Déodat sera le seul à voir en elle une contemplative sensible, tout comme elle sera seule à percevoir en lui une vision extraordinaire du monde. Si la philosophie de « Riquet à la houppe » est profonde, si l'écriture est excellente, je ne l'ai pas pour autant préféré à d'autres oeuvres de Amélie Nothomb. Le scénario est trop prévisible, tant la complémentarité des personnages est immédiatement explicite.
En prenant exemple sur 6 romans de la Comédie Humaine de Balzac qui finissent bien, et en assumant l'optimisme de son histoire, l'auteure entend ainsi réhabiliter le happy end et sa frivolité supposée. S'il est loin d'être le roman le plus marquant de la longue bibliographie d' Amélie Nothomb, Riquet à la houppe a donc le mérite de remettre au goût du jour, quatre ans après Barbe Bleue, un conte de Charles Perrault finalement assez méconnu. Le "style Nothomb" est toujours aussi reconnaissable, quitte à en paraître parfois un peu artificiel ou forcé. Il se dégage cependant de cette histoire aussi légère que fantasque un certain charme. C'est d'ailleurs lorsqu'elle ne cherche pas à philosopher sur le monde et s'attache davantage à l'enfance et ce que l'on en garde, qu'elle touche juste et donne au livre ses passages les plus mémorables. On gardera ainsi longtemps en mémoire l'émotion de la petite fille face à sa grand-mère parée de ses fabuleux bijoux.
A la fin du roman nous retrouvons ce qui me rappel un pastiche( imitation de style) de Balzac ce qui nous montre une grande connaissance de l'artiste(Balzac). Ce roman est un très bon roman issue d'une excellente cuvée que nous présente Amélie Nothomb cette année aux éditions Albin Michel. Je le conseille aux personnes déjà fans d'Amélie Nothomb car on la retrouve vraiment dans ce roman. Pour les personnes qui ne sont pas vraiment fans pourquoi ne pas vous laisser tenter maintenant où à la sortie du format poche? (il sera bien évidemment moins cher donc moins de regrets si vous n'aimez pas, ce dont je me permets de douter! ) N'hésitez pas à me donner vos avis en commentaire 🙂
« Les contes ont un statut étrange, au sein de la littérature: ils bénéficient d'une estime immodérée. L'ambiguïté du conte provient du fait que sous couleur de s'adresser aux enfants, on parle aussi et peut-être d'abord aux adultes. » C'est sous la forme d'un conte – à dormir debout – que la célèbre romancière donne son traditionnel coup d'envol à la rentrée littéraire. D'ornithologie, d'onomastique aviaire, il sera, en effet, largement question. A l'instar du héros de Perrault, Déodat présente un physique aussi repoussant que son intelligence est supérieure. Il tient tout bonnement du génie. Déjouant, fin stratège, les mécanismes d'exclusion que sa laideur induit, dès la prime enfance, il libère peu à peu son esprit par une science imparable des oiseaux. Et la nouvelle académicienne – Amélie Nothomb a en effet rejoint en 2015 l'académie de langue et littérature française de Belgique, au siège de feu Simon Leys – de nous gratifier d'une pavane de noms d'oiseaux aussi rares qu'incongrus.
Maison À Vendre Hoymille, 2024