Le monde animal nous passionne, je pense qu'on devrait tous y consacrer plus de temps pour en découvrir les mystères. Par exemple, je lisais un article sur les poulpes récemment, et j'étais fasciné par le fait qu'ils possèdent « neuf cerveaux » et trois cœurs. C'est un monde qui dégage une certaine beauté et qui mérite d'être immortalisé. Actions, réactions Alex et Marine s'autoproclament tatoueurs de murs. Cette appellation aussi poétique qu'imagée souligne le côté rock du duo et la volonté de s'approprier la discipline du tatouage. Comme pour cette pratique qui laisse une marque indélébile sur l'épiderme, Alex et Marine se plaisent à laisser une empreinte immuable sur les murs. La démarche est semblable à celle de nombreux tatoueurs ne souhaitant pas réaliser de tatouages "prêts à l'emploi", issus d'une demande trop précise et appuyée par un dessin déjà fait: le duo ne produit que des dessins originaux et uniques. Marine: Lorsque l'on travaille sur des projets, on nous laisse généralement beaucoup de liberté, tant sur la conception que sur la réalisation.
Une rétrospective sauvage, un partage d'expérience souriant et sincère pour ces amoureux de la nature. Deux prénoms, un seul projet Alex et Marine se rencontrent dans un cadre scolaire, d'abord au lycée, puis se retrouvent au début de leurs études à Penninghen, célèbre école d'arts graphiques. Marine y poursuit un parcours de 5 ans tandis qu'au bout d'un an et demi, Alex décide de se rapprocher de l'Académie Charpentier. À la fin de leurs cursus respectifs, les deux jeunes artistes commencent à travailler dans le studio d'Alex, chacun de leur côté, comme dans un espace de coworking. Alex: Je voulais être illustrateur, mais je ne savais pas vraiment quoi dessiner. Un jour on a eu l'idée de prendre un de mes dessins et de le reproduire sur un mur, un peu sur le ton de la rigolade, sans se prendre au sérieux. Le soir même, on s'est dit que c'était peut-être un bon concept. Ça tombait plutôt bien parce que c'était la mode des stickers, il y avait un engouement pour la décoration murale, bien que très commune et peu originale à l'époque.
Nous avons rendez-vous avec Alex et Marine dans un café cosy du deuxième arrondissement de Paris. L'endroit est vivant, ça sent bon le thé venu d'ailleurs, les pâtisseries qui sortent du four et l'énergie du vendredi matin. Un café serré et une part de gâteau fait maison: de quoi commencer l'interview sous les meilleurs auspices. Les lieux sont à l'image du binôme, décontraction et bienveillance sont de mise. Six ans se sont écoulés depuis leur première fresque et pourtant Alex et Marine respirent la fraîcheur des débuts. Il y a ce fil conducteur qui lie les grands duos, cette complicité palpable qui émane dès les premières secondes. Nous posons nos affaires, nous asseyons, des regards verticaux s'échangent et les deux artistes esquissent un grand sourire: ils portent le même pull. Coïncidence vestimentaire ou télépathie stylistique, personne ne le sait, mais les cœurs rient. Le temps d'une heure, Alex et Marine nous ouvrent les portes de leur bestiaire, de la première étincelle à leur situation actuelle.
Alex: Je trouve qu'on a surtout été très créatifs au début, aujourd'hui on l'est moins. C'est très contextuel, parce qu'on est pris dans une vague, on enchaîne les gros projets et les gens veulent ce qu'ils voient. Pour prendre un peu de recul sur notre pratique artistique, on s'est dit qu'on allait se poser un mois ou deux en 2018, histoire de remettre les compteurs à zéro. C'est une petite pause introspective, on veut faire le bilan de ce qu'on a accompli en 6 ans, garder uniquement le positif et aller de l'avant. On a envie de réfléchir à des concepts différents, peut-être plus osés, moins conventionnels. Dans l'une de nos premières expositions, les visiteurs pouvaient par exemple repartir avec un bout de la fresque. Une sorte d'expérience participative, une performance éphémère et ludique. On a envie de repousser nos limites et d'arpenter de nouveaux sentiers créatifs: pourquoi pas jouer avec des matériaux naturels bruts comme le bois, ou jouer avec les ombres pour créer des fresques différemment.
Maison À Vendre Hoymille, 2024