Être parent, c'est savoir s'adapter On fixe des cadres, on transmet des choses, mais au fond, on est obligé de se laisser surprendre par ces êtres autonomes que sont nos enfants. Et parfois, les surprises sont si grandes qu'elles nous demandent de réaliser un véritable travail sur nous-mêmes. Quand j'ai su le thème de l'émission d'aujourd'hui sur les questions de genre, je me suis souvenue de moi enfant, et je me suis demandé quelle étiquette on m'aurait mise si j'avais grandi aujourd'hui? Quel chemin serait le mien si j'avais 12 ans aujourd'hui? En effet, jusqu'à 11 ou 12 ans, je crois pouvoir dire que j'ai grandi dans la peau d'un garçon. À l'époque, on disait que j'étais un garçon manqué. Alors bon, cette appellation est assez terrible quand on y pense. Mais moi, je l'aimais bien parce que dans "Garçon manqué", j'entendais surtout "garçon" et ça me plaisait plus que tout. Je me souviens qu'enfant, je rêvais d'avoir un zizi pour faire pipi debout. Je me sentais proche des garçons pour jouer au foot à la récré.
Ce film, même s'il a été réalisé il y a quelques années, est resté d'actualité, car il soulève des enjeux de société très importants. Le sujet est l'attachement des enfants, les difficultés et les troubles de l'attachement, au travers de l'histoire de trois familles. Les problèmes d'attachement peuvent survenir dans les « meilleures familles », mais il existe une catégorie plus perceptible: les enfants adoptés. La raison en est que les adoptés commencent leur vie par des larmes, l'abandon et des douleurs. C'est pour cette raison que ce film se déroule dans des familles adoptives. Parmi les trois familles participantes, j'en suis l'une. Le point de départ est ma propre histoire: mère adoptive, j'ai traversé plus de 10 ans de conflit avec ma fille adoptive. Au fil des années, il est devenu clair que de nombreuses familles vivent ou vivent les mêmes problèmes, mais personne n'en parle … Le film est réalisé « à la première personne » où je suis en même temps « dedans et dehors », j'interviewe, je partage mes sentiments, je témoigne.
Que faire en tant que parent? Qu'il s'agisse du genre ou de bien d'autres choses, je pense qu'il faut travailler au plus profond de nous pour accepter cet écart qui se creuse constamment entre l'enfant projeté et l'enfant réel pour tenter de toujours préférer le réel au fantasmé, car les parents qui ont eu à traverser un véritable deuil le savent mieux que personne, ce qui fait toute la beauté d'un enfant, c'est avant tout qu'il soit vivant. Et aussi surprenants, bousculants que soient nos enfants, il nous incombe de les accueillir tels qu'ils sont, avec toutes les facettes de leur personnalité, car après tout, nous avons notre vie à vivre et la leur appartient à eux et à eux seuls.
Le désir d'enfant en tant que démarche s'inscrivant dans une sorte de programmation consciente est fonction des idéaux sociaux et familiaux (Rosenblum, 2007; Abdel-Baki & Poulin, 2004). C'est un investissement psychique avec pour finalité la réalisation d'un projet de vie en lien avec la rencontre d'un être « étranger » et « familier ». L'étranger est l'objet d'un désir dont seul l'imaginaire donne forme au contenu rêvé, tandis que le familier renvoie à la transmission des caractères héréditaires, de l'octroi de ses propres attributs biologiques à un objet autre que soi. Dans la logique de la transmission générationnelle, la personne ou le couple qui désire avoir un enfant, souhaite léguer à sa progéniture un héritage génétique voire historique. Ces modes de transmission confèrent à l'enfant son appartenance dans une lignée traçant ainsi son identité communautaire, familiale et individuelle. Selon Bydlowski (1997), « le désir d'enfant serait la traduction naturelle du désir sexuel dans sa fonction collective d'assurer la reproduction de l'espèce et dans sa fonction individuelle de transmission de l'histoire personnelle et familiale » (p. 139).
Parce qu'il m'arrive d'être déroutée face à mon enfant, on m'a gentiment rappelé qu'un enfant, ce n'est pas du tout rose tous les jours et qu'il n'est pas forcément celui qu'on a imaginé, qu'il y a un monde entre l'enfant rêvé (et ô combien) et l'enfant réel. Ce qui m'a fait réfléchir. Et revenir un peu en arrière. Car c'est vrai qu'avant, il n'y a pas si longtemps, je ne pensais pas rhino et autres maladies, je ne pensais pas à l'enfant qui pleure, qui a mal, qui ronchonne, qui crie, qui se débat, qui s'affirme. Et encore je n'en suis pas à cet âge où » il faut prendre des forces, hein, parce que quand ils se mettent à marcher… » Oui, ils veulent tout toucher, ils tombent, il se mettent aussi à s'affirmer, bref ils grandissent et c'est pas simple (mais pourquoi personne ne parle de tout le bonheur que l'on a aussi à découvrir leurs progrès: premiers pas, mots, etc.? ) Avant, donc, je pensais – je rêvais plutôt – aux sourires craquants, aux petits pieds que l'on caresse, aux joues rebondies, au regard clair, aux câlins, aux odeurs… à tout ce qui nous fait fondre de bonheur.
Type de fiche Film Type de film Documentaire Support de diffusion DVD Réalisateur du film Andrea Negrelli Producteur du film Live productions Date de publication 2009 Durée du film 90 min. Domaines Prisme Enfance-Famille Mots-clés Prisme Adoption, Affectivité, Attachement, Échec, Enfant, Famille, Famille recomposée, Parentalité, Relation enfant-parents, Relation familiale, Sécurité, Souffrance psychique, Besoin primaire Résumé Tous les futurs parents, biologiques ou adoptifs se créent l'image d'un enfant rêvé, mais l'enfant réel peut réserver des surprises, avec des comportements inattendus, incompréhensibles et pénibles. Les enfants souffrent, les parents sont malheureux... De nombreux adoptants ont vécu ou vivent des drames familiaux, sans oser en parler et sans pouvoir identifier le mal. Ils se culpabilisent et parfois la cellule familiale explose. Les spécialistes consultés sont souvent perplexes ou démunis. Or, l'une des causes majeures peut tenir aux difficultés d'un enfant à s'attacher et se sentir en sécurité "affective": il a du mal à confier sa survie à un adulte.
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