« Je n'ose plus aller sur les réseaux sociaux, ni parler à mes amis. Ce qui s'est passé m'a traumatisée… » Sarah, 16 ans, vit prostrée chez elle à Garges-lès-Gonesse (Val d'Oise) depuis plus d'une semaine. Il y a quelques jours, elle a découvert des photos d'elle nue, postées à son insu sur un compte Snapchat nommé « ficha 95 ». « C'est une amie qui m'a prévenu que ça circulait sur Snap. Quand je les ai vues, je me suis mise à pleurer. Sur Snapchat, les comptes « ficha » diffusent des nudes de mineures sans leur consentement | StreetPress. J'étais complètement bouleversée, je me suis dit que ma vie était foutue », raconte à 20 Minutes la jeune fille qui, par honte et par peur des réactions, n'a pas osé en parler à ses proches. Sarah n'est pas la seule adolescente victime de ces comptes baptisés « ficha » [se taper l'affiche en verlan], souvent suivis d'un numéro de département. Depuis le début du confinement dû à l'épidémie de coronavirus, cette nouvelle forme de revenge porn et de slut shaming a déferlé sur Snapchat et sur la messagerie cryptée Telegram. Le procédé est à chaque fois le même.
Jean*, le père de l'adolescente de 14 ans, « hallucine complètement. Comment ça peut nous arriver à nous? ». L'homme est sous le choc: Ma fille est dévastée, elle me parle de suicide. Moi j'ai honte de sortir. Snap fille porto seguro. Jean ne va toutefois pas rester inactif et envisage de déposer plainte et veut prévenir les familles du Havre. « On va faire le tour du quartier, avertir les parents. On ne peut pas laisser passer ça. » En attendant, dans la soirée du 24 mai, « Dingri Lehavre » a livré une nouvelle salve de photos et vidéos érotiques voire pornographiques de jeunes filles (et quelques garçons), en mentionnant parfois leurs noms ou leurs adresses. En une journée, plus d'une soixantaine de clichés ont été envoyés sur le réseau social. Le lendemain, la personne qui gère « Dingri Lehavre » et se dit mineure, annonçait via un nouveau « snap » qu'elle allait fermer son compte. Sur Snapchat, le compte « Dingri Lehavre » diffuse également des photos et des vidéos intimes d'adolescents. (©Snapchat/Capture d'écran) Trois plaintes à Rouen… À Rouen, au moins trois plaintes ont été déposées pour des faits similaires impliquant des jeunes filles mineures, notamment sur un compte appelé « afficheboy_766 ».
Les auteurs de ces comptes demandent à leurs abonnés de leur transmettre des images à caractère sexuel de leurs ex-copines ou toute autre fille de leur entourage, et les diffusent en boucle sur la plateforme. « Envoyez-moi vos dossiers avec prénom et ville. Allez-y à balle, je mets tout! », pouvait-on encore lire sur un post Snapchat diffusé en début de semaine. [URGENT] Sur @Snapchat, des comptes « ficha » se créent par département et divulguent des photos et vidéos sexuelles de jeunes filles. C'est grave et interdit. Revenge porn : « Ça m’a traumatisée »… Avec le confinement, les comptes « ficha » explosent sur Snapchat. Interpellez @Snapchat pour qu'ils interviennent. RT ce message! Cc @PoliceNationale Via @fannysaintcoeur — #NousToutes (@NousToutesOrg) March 28, 2020 « Une gamine m'a appelé après s'être enfilé une plaquette entière de médicaments » Ce phénomène de revenge porn a particulièrement touché les départements d'Ile-de-France. « J'ai été alertée par une dizaine de jeunes filles en détresse, dès les premiers jours du confinement », raconte à 20 Minutes Hind Ayadi, présidente de l'association Espoir et Création à Garges-lès-Gonesse.
Pour tenter d'endiguer ce phénomène durant les prochaines semaines de confinement, le secrétariat d'Etat à l'égalité entre les femmes et les hommes a décidé de travailler avec l'avocat Éric Morain, spécialisé dans les questions de cyberharcèlement, « pour construire des contenus pédagogiques qui seront diffusés bientôt sur Snapchat, afin de sensibiliser les utilisateurs de la plateforme ». Une chaîne spécifique contre le harcèlement et le revenge porn va également être créée sur Snapchat, avec la collaboration de l'association e-Enfance, a indiqué à 20 Minutes Marlène Schiappa.
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