D'ailleurs, le Petit Prince n'est pas seulement et apparemment frêle et candide comme l'est l'enfant! Au narrateur qui « échoue » dans le désert du Sahara, on se souvient qu'il raconte avec une étonnante maturité son existence sur sa planète, l'astéroïde B612 où sa principale occupation consiste à ramoner des volcans et à prendre soin d'une fleur qu'il veut vite retrouver, car il s'en sent « responsable ». Et puis, au fil de son « passage » sur la terre des hommes, il découvre avec gravité la profondeur de l'amitié, l'amour, ses failles, ses déceptions, les ressorts de la vanité, de l'orgueil, l'univers factice des hommes, l'absurdité de l'existence, les vicissitudes de l'âme humaine. Le petit prince et la rose amour en. L'ouvrage de Saint-Exupéry est dédié à Léon Werth, l'un des meilleurs amis adultes de l'auteur « quand il était petit garçon ». Il ne faut pas faire lire Le Petit Prince à des enfants trop jeunes car ils ne sont ni prêts ni matures pour en saisir l'exquise subtilité, ni avec celui ou celle, qui, d'ailleurs, voit de la mièvrerie où il n'y en a guère!
» L'esprit crée des liens. Grâce à lui, le monde se peuple de signes: tel champ de blé rappelle les cheveux dorés du Petit Prince, les étoiles sont des grelots qui rappellent son rire, le ciel est habité de planètes où grincent de vieux puits parce que sur l'une d'entre elle vit un ami aviateur qui en avait trouvé un dans le désert. Le Petit Prince et l'amour. La vie véritable est dans l'esprit qui, au besoin, se passe bien de la matière, de « l'écorce »: pour retrouver sa rose, Le Petit Prince sacrifie son corps de chair, il se fait mordre par le serpent venimeux: « J'aurai l'air d'être mort et ce ne sera pas vrai… », nous dit-il comme dernier message. Apprivoiser, aimer, se séparer … Dans le Petit Prince, nous retenons tous la leçon du renard: « si tu veux un ami, apprivoise-moi » (chapitre XXI). C'est à travers cet enseignement que le Petit Prince arrive à comprendre ce qu'il ressent pour sa rose: « Je crois qu'elle m'a apprivoisé » (chapitre XXI). Le Petit Prince comprend qu'en apprivoisant, il arrive à faire sortir de la « masse » un être qui devient, pour lui, « unique au monde ».
Le Petit Prince se rend compte qu'ils ne sont pas plus sages qu'ils le prétendent ou qu'ils aimeraient le croire. L'enfant que nous étions Chaque adulte a un jour été un enfant. Le proverbe dit "La vérité sort de la bouche des enfants"; c'est que les adultes ont oublié les vérités les plus simples. Aux enfants d'être patients avec les adultes, perdus dans l'absurde et le nihilisme. Aux adultes d'écouter l'enfant qu'ils ont un jour été. Grâce au Petit Prince, l'aviateur retrouve l'enfant qui sommeille en lui. Quelle est la morale du Petit Prince de Saint-Exupéry. Le Petit Prince symbolise cette enfance oubliée, endormie, ensevelie sous l'expérience d'adulte. Seul le coeur peut voir les choses Les yeux nous trompent, seul le coeur voit l'essentiel. Les apparences sont trompeuses. On ne connaît vraiment les choses qu'en les "apprivoisant", c'est-à-dire en s'en occupant et en les chérissant. La rose qui ressemble à mille autres devient unique pour le Petit Prince car il s'en est occupée. Le Petit Prince voit avec le cœur; il connaît la singularité de sa rose et elle est pour lui à nulle autre pareille, tandis qu'un passant qui ne voit qu'avec les yeux confondra cette rose avec les autres.
Par ces mots Saint-Exupéry veut nous faire comprendre que nos yeux seuls ne peuvent pas percevoir la singularité d'un individu, d'une chose. Ces derniers sont enfermés dans leur apparence et c'est seulement en les apprivoisant que nous pourrons les connaître et apprécier leur singularité. « Bien sûr, ma rose à moi, un passant ordinaire croirait qu'elle vous ressemble. Mais à elle seule elle est plus importante que vous toutes, puisque c'est elle que j'ai arrosée. Puisque c'est elle que j'ai mise sous globe. Puisque c'est elle que j'ai abritée par le paravent. Puisque c'est elle dont j'ai tué les chenilles. Puisque c'est elle que j'ai écoutée se plaindre, ou se vanter, ou même quelquefois se taire… » (Chapitre XXI). C'est grâce à la somme de ces efforts que le Petit Prince a rendu sa rose unique au monde et qu'il en est tombé amoureux. Le petit prince et la rose amour les. Il faudra au Petit Prince un voyage d'un an pour comprendre ses sentiments envers sa rose. Comprendre que le plaisir d'une rencontre se termine par la douleur d'une séparation.
Par exemple sous forme de deux octosyllabes: « C'est le temps perdu pour ta rose / Qui fait ta rose si importante » – qu'un Victor Hugo aurait transfigurés en alexandrins! Aimer, c'est donner. En l'occurrence, nous dit le Renard, c'est donner du « temps ». Déjà, Aristote avait compris que la convivialité était une propriété coextensive de la philia, que seul celui qui acceptait de passer du temps avec l'aimé pouvait en devenir l'ami. Depuis, notre société d'hyperconsommation qui est devenue une société de l'accélération (Harmut Rosa) – ainsi que la planète du businessman le pressent –, a fait de la temporalité la durée la plus convoitée et donc la plus valorisée. « C’est le temps que tu as perdu pour ta rose qui fait ta rose si importante » – Pascal Ide. Dès lors, donner du temps n'est plus seulement la condition de l'amitié, mais son achèvement: l'ami aime par excellence son ami en lui accordant son bien le plus précieux, celui qu'il investit irréversiblement et ne pourra jamais récupérer, son temps. Aimer, c'est se donner. Repartons du temps. Celui-ci est plus que la mesure extrinsèque d'un mouvement; il demeure moins que le prénom de l'être ou que l'étoffe des choses.
Mais comment sauvegarder la dualité de la substance et de l'accident, voire celle de l'intrinsèque et de l'extrinsèque, sans sombrer dans le dualisme? En contemplant leur continuité dynamique dans la constitution ontophanique. Ainsi, le temps ne découvre pleinement son essence qu'en devenant la manifestation d'un fond qui ne peut pleinement se dire que dans la progressivité et la rencontre avec autrui. Selon la loi d'ontophanie qui, ici, se fait ontochronie, l'aimant ne révèle jamais mieux à l'aimé qu'il l'aime qu'en le gratifiant, sans retour, sans retard et sans restriction, de l'être devenu temps. Aimer, c'est abandonner le don. Le Renard parle non pas du « temps que tu as donné », mais de celui « que tu as perdu ». Perdu ne se dit pas du bénéficiaire, la rose aimée, qui, au contraire, à son insu ou en pleine conscience, a reçu le don: une semence d'amour. Le petit prince et la rose amour episode. Perdu se dit du donateur qui, pour donner véritablement, doit redoubler le don par le don de la donation elle-même, en se séparant de ce cadeau si chèrement dépensé: le temps.
Enfin, c'est ne pas considérer le génie d'une formule qui réussit à condenser en quelques mots accessibles à tous quelques-unes des notes les plus profondes de l'acte d'aimer. Osons donc nous attarder à commenter cette phrase qui dit beaucoup avec peu de mots. « C'est le temps que tu as perdu pour ta rose qui fait ta rose si importante ». Aimer s'adresse à l'être aimé. Ainsi que l'indique la préposition « pour », l'amour, qu'il soit attrait, émerveillement, bienveillance, extase ou amitié, tourne résolument vers l'aimé, oriente l'aimant vers autre que lui. L'amour aimante. Puissamment. Aimer, c'est mesurer le bien de l'aimé et non pas être mesuré par celui-ci. La formule du Renard opte résolument pour l'interprétation active de l'amour (bienveillance, extase) contre son interprétation passive (attrait, émerveillement). En effet, à l'instar de l'unicité (ta rose « est unique au monde »), c'est-à-dire du transcendantal un, l'importance (« importante ») de la rose est la traduction transparente et très communicable de la valeur (encore un transcendantal: le bien).
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